ILLUSTRATIONS : Fred Pillot
ÉDITEUR : Hatier
COLLECTION : Moi, Suzanne.
PUBLIC : Dès 10 ans
ISBN : 978 2 401 052062
LE RÉSUMÉ
Cher Carnet Secret
C’est à toi (et rien qu’à toi) que je confie mes trucs perso. À part Thérèse, qui ne sait pas lire, personne n’est au courant. Total incognito.
Depuis hier soir, je suis voyante extralucide, spécialisée dans les rencontres amoureuses. À mi-temps, parce que je bosse aussi au collège (maths, SVT, histoire-géo, ect.). Sauf qu’aujourd’hui, gros bazar dans la classe de 5e3. Coup de foudre, jalousie, rupture, roucoulades, trahison, c’est chaud bouillant. L’amour, quoi. Et sur qui on compte pour tout régler ?
Moi, Suzanne.
Du coup, je vais faire le job à plein temps. Obligée.
L’EXTRAIT
Samedi matin
Le week-end s’annonçait tranquille. Papa bricolait dans le garage, soi-disant pour se relaxer, sauf qu’il n’arrêtait pas de râler. Contre sa scie qui ne sciait rien. Contre ceux qui empruntaient ses outils sans les ranger à leur place. Contre les clous qui rouillaient. Contre tout. Ça doit le détendre, de râler, papa.
Moi et Thérèse, on faisait une réussite (c’est-à-dire que Thérèse dormait sur mes genoux pendant que j’alignais mes cartes sur la moquette). Maman était quelque part dans la maison à faire le grand ménage du samedi, vu qu’elle n’a jamais le temps en semaine et papa non plus. Papa et maman font le ménage chacun leur tour, le samedi. Là, c’était au tour de maman.
Quand elle a ouvert la porte du placard du couloir, tout lui est dégringolé dessus. La luge, les cartons de chaussures, les cannes à pêche, les raquettes de badminton avec les poteaux et le filet, les chaussures de randonnée de tonton Victor, la pile de jeux de société, des skis, l’arc de papa quand il était petit, le vieil aspirateur de mémé, les boîtes remplies de photos de famille. Tout ça. Plus un tas de petites choses qui roulent, qui se cassent, qui s’éparpillent.
Ça a fait un bruit terrible.
En entendant le barouf, papa et moi on s’est précipités. On a trouvé maman allongée au milieu d’un bazar sans nom, les mains sur la tête. « Tu t’es fait mal ? » a demandé papa, qui tenait sa perceuse à la main. « Arrête de braquer cette machine sur moi ! » a hurlé maman et on voyait bien qu’elle était sur le point de pleurer. Heureusement Thérèse a grimpé sur son ventre et s’est mise à ronronner. Du coup, maman a retrouvé son calme. Thérèse a un don pour ça. C’est un vrai doudou, elle rassure tout le monde.
N’empêche que maman a dit, en détachant bien ses mots : « C’est décidé, on fait un vide-grenier ! » Papa a posé sa perceuse par terre et s’est accroupi près d’elle. Sur le ton qu’on prend pour parler à un grand malade, il a marmonné : « Je ne vois pas le rapport, Janine. » « Le rapport, a dit maman, c’est qu’on va bazarder tout ce qui est en trop dans cette maison. J’en ai marre, du bazar. Mais alors, vraiment marre ! » Papa a hoché la tête et a disparu dans le garage. Quand maman est dans cet état, il n’y a rien à faire. Faut attendre que ça passe.