gerardmoncomble | Banale histoire de la levée du corps
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banale histoire…

Banale histoire de la levée du corps

P.J Oswald. Poésie. Dessin de l’auteur.
Épuisé, introuvable, même chez l’auteur.
Le premier livre de l’auteur.

 

EXTRAIT :

L’ombre des eaux

Je sais des ombres jaunissantes à la manière
de ces lueurs grises qui tanguent par ici.
Ou est-ce l’aube morne et ses sourds grognements
voilant le bruit ancien des promeneurs,
des fuyards lassés, de quelque passant aux ailes noires?

Je pense aux lents murmures sur l’onde sombre,
qui jouent à noyer les plaintes et les recouvrent d’un soyeux babil,
aussi léger qu’une algue douce.
Je pense aux vagues de brume tissées de part et d’autre des ponts,
enrobant de leurs paupières rondes de lents volatiles,
aux écailles dociles, qui coulent doucement
sans éveiller personne, sans même tourbillonner un peu,
comme le font les feuilles rousses bercées par les remous.

Je connais des eaux paresseuses, lovées sous des replis d’opale,
roulant leur écume à la manière d’un toit de tuiles rondes.
Mollesses naissantes, rideaux engloutis,
gestes repus, nonchalants. Tarasques au costume de femme.
Le long des quais pourpres, elles guettent le passage
de personnes lointaines, hésitantes. Elles nous guettent.
Et, soudain drapés d’une écharpe glacée, nous les rejoignons parfois,
parce qu’elles nous parlent de nous sans cesse.