L’œil de la nuit est une histoire d’animaux. Les personnages sont des animaux, le narrateur est un animal. Bien que les hommes soient absents, ils sont tout au long du texte une menace sourde qui pèse comme du plomb. Du plomb de chasse, d’ailleurs. J’ai voulu dans ce récit prendre le point de vue de l’animal. Doublement : parce que le narrateur est un oiseau, et parce que l’homme est perçu comme prédateur.
Enfin, L’œil de la nuit est un hommage à la nuit et à ses créatures : l’ombre, la figure pâle de la lune, le silence. J’aime la nuit. Je dois beaucoup au silence de la campagne, la nuit. Un silence dont j’ai fait mon logis depuis quarante ans.
En ce sens, L’œil de la nuit aurait pu être une histoire sans parole. Une histoire à peine murmurée. Avec des ombres vives qui passent derrière les mots. Mais ça n’aurait pas été un livre. Juste un rêve. Et voilà pour moi ce qu’est parfois un livre : nommer un rêve à haute voix.
Dédicace sur France-Inter. Novembre 2003